Martial Pidolle - Garage au cœur

Le 3 avr. 2017 - La Semaine
Martial Pidolle - Garage au cœur

Comme papa. Un homme de 52 ans qui raconte son parcours professionnel n’utilise pas ces deux mots enfantins. Pourtant, si Martial Pidolle est ce qu’il est aujourd’hui, c’est parce qu’il a voulu faire comme son père, travailler dans l’automobile. Son paternel travaillait dans l’automobile, chez Simca à Thionville. « Tous les soirs, il rentrait avec une voiture différente ». Ce transport quotidien a nourri de fantasmes l’imaginaire du petit, puis du jeune garçon. « A l’époque, c’était la mode de devenir mécanicien », ajoute Martial Pidolle. Il devient donc apprenti. Au cours de sa formation, il fait connaissance avec Jean-Paul Bailly, patron d’une maison affectivement et historiquement associée à la marque Peugeot, qui entre-temps a repris le fameux garage Simca.
Finalement, Martial Pidolle réalise que le métier de mécanicien le fait un peu moins rêver que durant ses jeunes années. Il se réoriente vers le commerce automobile et intègre l’école de vente Renault à Nancy.
A sa sortie, il travaille logiquement dans une succursale Renault à Metz.Le hasard le conduit à nouveau sur la route de Peugeot. Claude Thuillier, directeur commercial de l’agence de Thionville et ancien collègue de son père lui propose de revenir à la source. Martial Pidolle retrouve la ville qui l’a vu naître et grandir, Peugeot et la famille Bailly. Il ne les quittera plus jamais. Nous sommes en 1990. A partir de cette date, Martial Pidolle va gravir les marches de l’entreprise pour finalement atteindre le sommet. « Je me suis fait tout seul », dit-il. Chez lui, une seule chose n’a pas évolué : son poids, identique à celui affiché sur la balance de ses 20 ans.

Réservé mais confiant

Plutôt réservé, il ne déborde pas de fierté mais pointe avec justesse une vérité. Sa discrétion l’a peut-être aidé à s’imposer au sein de la famille Bailly qui voyage depuis un certain nombre d’années avec des principes affichés au compteur. En 1993, Martial Pidolle se voit confier la responsabilité du service « voitures d’occasion ». Il devient ensuite chef des ventes à Mondelange, puis à Yutz, un site plus important. De 2004 à 2006, il reste deux ans directeur du site de Pont-à-Mousson avant de retrouver, une nouvelle fois ses racines thionvilloises où il occupe le poste de directeur d’une plaque de concession.
En 2006, Stéphane Bailly succède à son père et prend la direction générale du groupe. En 2009, il confie à Martial Pidolle la direction commerciale de l’ensemble des sites Peugeot, puis la direction générale du Pôle Peugeot qui place 14 concessions et 550 personnes sous ses ordres. Dernière étape le 1er janvier 2017 : Martial Pidolle devient directeur général du groupe Car Avenue qui occupe la cinquième place du classement français, le 24e rang européen. « Aujourd’hui, nous sommes obligés de gérer comme un groupe financier », souligne Martial Pidolle.

“ Une belle aventure ”

La famille Bailly détient toujours 100% du capital et diffuse « une gestion et un esprit familial ». En Moselle, “Bailly” et “automobile” constituent presque un pléonasme. Ce nom est associé à Peugeot particulièrement, à la voiture de manière générale. Si l’histoire du groupe a commencé avec la marque au lion, il s’est avec le temps largement diversifié. Aujourd’hui, Bailly est concessionnaire de 16 marques automobiles dont Citroën, BMW/Mini, Kia/Hyundaï, Honda, Porsche. Quand est arrivé le temps des élections du conseil national des professions de l’automobile, le groupe Car Avenue est naturellement venu dans les discussions et en Moselle, le nom de Martial Pidolle s’est imposé comme une évidence. Seul candidat, il a été élu par ses pairs. Comme toute sa carrière, cette élection s’est accomplie « tranquillement ».
Une chose en entraînant une autre, Martial Pidolle est aujourd’hui le numéro 2 du cinquième groupe automobile de France. Pour un mécanicien, c’est plutôt pas mal. « C’est une belle aventure », résume Martial Pidolle. Cette expérience lui permet d’avancer une légitimité et d’avoir une vision complète des choses. « Je sais comment ça marche dans un atelier, je sais comment fonctionne une concession ».
Aujourd’hui, son rapport à l’automobile a changé. Elle ne le fait plus rêver comme quand il était gamin. Partie constituante de son travail, elle est pourtant l’une des raisons pour lesquelles il se lève tous les matins. L’autre se divise en trois : sa femme et ses deux enfants. Dans les yeux de son fils de 17 ans, il retrouve les mêmes étoiles qui brillaient dans les siens quand il voyait son père rentrer à la maison au volant de berlines à la carrosserie rutilante. « La boucle est bouclée », sourit Martial Pidolle. Simplement, il se définit comme heureux et équilibré.

Aurélia Salinas